Les vues stéréoscopiques
Aux
alentours de 1860, Clément Sans décide de se lancer dans
la photographie en utilisant un appareil de
stéréophotographie et des plaques de verre
préparées au gélatino-bromure d’argent qui
permettaient de prendre au soleil des photos
« instantanées » de personnages et
d’animaux en mouvement. Si on en juge par la taille des plaques
de verre des vues stéréo qui ont été
trouvées (85×174 mm & 97×185 mm), il travaillait
avec au moins deux appareils stéréo différents. En
1860, «le daguerréotype n’est quasiment plus
utilisé, supplanté par le papier
albuminé » (Périn, 2000). Les tirages des vues
stéréoscopiques se font sur ce même papier
albuminé. On ne sait pas comment il a appris les méthodes
très compliquées de la photo de son époque,
peut-être qu’il était autodidacte. Sans est
brièvement cité dans le Répertoire des
photographes de France au xixe siècle comme suit :
« SANS. Saurat (Ariège) ; année 60. Vues
stéréoscopiques des Pyrénées »
(Voignier,1993).
3. Extrait de Répertoire des Photographes de France au dix-neuvième siècle
Les
vues stéréoscopiques étaient très à
la mode à l’époque dans les salons pour illustrer
les récits de voyages, comme les gravures l’avaient
été au siècle précédent. Quarante
ans plus tard, les cartes postales remplacèrent les
clichés en relief. Clément Sans prit plusieurs vues
stéréoscopiques dans différents endroits du
village de Saurat et dans la vallée du col de Port en descendant
jusqu’à Bédeilhac et au delà, mais il ne
semble pas avoir travaillé à l’ouest du col de
Port. Au moins trois séries de ces vues
stéréoscopiques furent commercialisées entre 1860
et 1885.
4. Vue stéréo du Roc de Carlong
Clément
Sans produisit d’abord une longue série de vues
stéréo numérotées comprenant la
vallée de Saurat, Tarascon, le château de Foix et beaucoup
d’autres vues sur la partie orientale de l’Ariège.
Cette série montée sur carton bleu (87×174 mm) a
été commercialisée sous le
titre l’arriège (sic) pittoresque placé
côté gauche, avec les
initiales « C.S. » à droite (par la
suite toutes ses cartes postales seront signées de cette
façon). Une légende explicative était
écrite à la main au dos de chaque vue et un total
d’au moins 149 numéros de différentes vues furent
publiés. Celle de la figure 4 porte le numéro 51,
intitulé – « Roc de Carlong (Vallée de
Saurat) à 3h. d’Ussat », ce qui semble indiquer
que ces vues étaient vendues aux curistes fréquentant la
station thermale d’Ussat-les-Bains. Une partie de cette
série s’intitulait « Toulouse »
et le n° 116 de la série complète montre
la « Place du Capitole. »
Au
moins deux autres séries de vues stéréo seront
produites. Une série non numérotée montée
sur carton (85×176 mm) portant le tampon « C. Sans
Photographe Saurat (Ariège) » avec une légende
manuscrite au dos – « Un Pont de neige, aux piques de
Journalade. Pyrénées (Ariège) »
et « Ussat-les-Bains. Le Pont
(Ariège) » montrant l’hôtel Chaumont
en arrière-plan. Une autre série numérotée
cette fois sur carton orange (80×154 mm) porte un titre
imprimé « L’Ariège Pittoresque par C.
Sans » à gauche et « Vues des
Pyrénées » à droite. Au dos elles
étaient signées, numérotées et
datées de la main de Clément Sans. Les numéros 8
et 9, datés de 1882, montrent des vues de la Grande Rue vers
l’ouest avec la place Conty (ou Conti) et, plus loin, la place de
la Rende avec plusieurs personnages marchant dans la rue. Ces vues
stéréoscopiques sont conservées dans les
collections de la Société française de
photographie à Paris.
En
1878, il avait acquis une telle expérience dans ce domaine si
complexe qu’était la photographie de cette époque
qu’il publia un petit article sur la façon de
préparer les plaques de gélatino-bromure d’argent.
La notice (Sans, 1878) est parue dans une publication renommée,
le Bulletin de la Société française de
photographie. Quatre ans plus tard, il publia un article plus technique
et plus complet sur le même sujet (Figure 5). Dans la formule de
préparation des plaques, il préconisait l’emploi
d’eau de pluie, un ingrédient de bonne qualité dans
la région des Pyrénées, mais qui
l’était beaucoup moins à Paris, une ville
polluée par l’air chargé de suie (Sans, 1882).
5. Extrait de l’article de Clément Sans de 1882
Son œuvre photographique
En
dehors des appareils photographiques pour vues
stéréoscopiques, Clément Sans travaillait avec au
moins trois chambres noires différentes (toujours montées
sur trépied), ce qui peut se déduire des dimensions des
plaques de verre qui ont survécu (82×105 mm ;
130×178 mm ; et 155×205 mm). Deux cartes postales
reproduites ici le montrent travaillant avec deux chambres noires
distinctes (Figures 8 et 11 - C.S. 69 & 33).
Nombre
de ses photos sont des documents précieux sur la vie paysanne et
villageoise à la fin du xixe siècle. Plusieurs photos
sont prises dans Saurat, place Conti, devant sa maison. Pour les vues
d’ensemble des processions, il travaillait du premier
étage d’une maison qui donnait sur la Grande Rue
(aujourd’hui rue Albert Sans) ou bien plaçait la
chambre noire au milieu de la rue au sommet d’une grande
échelle de peintre équipée d’une vis
d’attache (C.S. 13 & 44 – les scans de plusieurs cartes
sont sur ce site).
Certaines de ses premières photos montées sur carton
montrent la Grande Rue en direction de la place de la Rende et des
paysages variés des environs de Saurat, dont le pont de
Pommiès (Pomiès) et le pont de l’Ouale. Sur
l’une de ces photos, on voit un très jeune garçon
faisant semblant de peindre un tableau sous la surveillance de sa
mère, sur un chemin près d’une grange. Sept de ces
photos tirées sur papier albuminé (signées et
datées de 1882), conservées à Paris dans les
collections de la Société française de
photographie, servent d’exemple pour illustrer les points
techniques de son deuxième article. La société les
a catalogués ainsi : « Paysages 1 à 4 et
une rue 5 à 7– papier albuminé d’après
négatifs au gélatino-bromure d’argent selon une
formule de l’auteur, date 1882. »
Il
travaillait aussi en studio effectuant des portraits, portant son
tampon au dos. Son studio se trouvait probablement dans sa maison au
148 Grande Rue, sur la place Conti, au centre du village. Sur la carte
postale C.S. 22, à gauche, on voit distinctement sa maison avec,
au rez-de-chaussée, ses fenêtres cintrées. Sur la
carte 18, c’est la deuxième maison sur la droite. Dans un
musée aménagé au premier étage
étaient exposés des agrandissements de ses meilleurs
clichés, des photos colorées à la main au pastel,
des tableaux, des plaques de verre et de la musique mécanique. |
6. Le tampon de Clément Sans
|
Plus
de vingt ans plus tard, vers 1903, il a commencé à
éditer une longue série de cartes postales, qui
s’est étalée sur quatre périodes distinctes
et qui totalise 140 cartes différentes. Dans cette série
intitulée la haute ariège, les cartes sont
numérotées de 1 à 128, certaines portant le
même numéro tout en montrant des photos et des
légendes différentes.
En
plus des séries de vues stéréoscopiques et cartes
postales publiées, il existe, dans les collections de plusieurs
familles sauratoises, un ensemble de plus 200 photos non
publiées (beaucoup sont de qualité artistique
supérieure aux photos publiées) sous la forme originale
de plaques de verre au gélatino-bromure d’argent, de
tirages sur papier albuminé montés sur carton, souvent
avec un titre écrit à la main, et d’agrandissements
en noir et blanc de photos d’art ou de portraits de famille.
Son sens artistique
Les
photos de Clément Sans sont non seulement d’un
intérêt ethnologique certain mais aussi d’une grande
valeur esthétique. Il possédait le sens de la composition
et de la mise en scène d’un peintre confirmé, ce
qui lui permettait de placer ses sujets naturellement dans leurs
tâches coutumières et dans leur environnement familier.
Dans toutes ses études des paysans en plein air, ses sujets
sont pris sur le vif, vaquant à leurs occupations
quotidiennes dans leurs vêtements de tous les jours. Et ce qui
est plus important, ses photos se démarquent de celles de ses
collègues de moindre talent, car il applique toujours cette
règle essentielle dans la représentation de scènes
et de paysages animés : ne jamais laisser le sujet regarder
directement l’objectif.
7. Le vannage et le Soudour au fond |
Dans
la peinture comme dans la photographie, ce n’est que dans les
portraits que le sujet est autorisé à nous regarder. Dans
toutes ces photos, les personnages poursuivent leurs activités
sans se soucier de la présence de la chambre noire. Les
photographes d’extérieur de l’époque (surtout
dans le domaine de la carte postale) avaient l’habitude de placer
les sujets dans des poses guindées dénuées de
naturel en leur demandant de s’arrêter, debout au milieu de
la rue, en fixant l’objectif.
Clément
Sans à plusieurs reprises a montré dans ses
clichés un grand sens de la composition digne d'un peintre,
plaçant ses sujets dans des tableaux soigneusement mis en
scène selon les règles de la composition classique
(lignes diagonales, formes triangulaires, etc.) tout en s'assurant que
ses modèles prennent des poses naturelles avec aisance.
Les
peintures et pastels de Jean-François Millet (1814-1875)
représentent avec rigueur et authenticité la vie paysanne
du xixe siècle. Partout en France, son influence fut
énorme et sans aucun doute une personne cultivée comme
Clément Sans devait connaître l’œuvre de
Millet, comme le montrent ses photos qui reflètent non seulement
le style artistique du maître de Barbizon, mais aussi son amour
pour la vie rurale et son approche éthique de la vie à la
campagne.
|
Champ des motifs et diversité
Travaillant
en grande partie à l’extérieur, Clément Sans
emportait sa chambre noire et son trépied partout dans le
village, photographiant des scènes dans la rue en toutes saisons
et par tous les temps. Les petits métiers du village sont
représentés par Le maréchal ferrant (C.S. 78),
l’étamage, la scierie, le barattage du beurre (photos en
studio – 62 & 85), le filage (73), le tillage du chanvre
(55), le lavage des tripes (Figure 12) et la lessive (79).
D’autres clichés nous montrent les
évènements du village : fêtes religieuses,
mariage (38), coutumes (64), processions religieuses (13, 18 & 26),
parades civiles (51), jeux d’enfants (2 & 109).
Clément Sans prit également des photos peu courantes,
celles d’écoliers dans les rues du village (15, 16 &
17). La présence bien visible de réverbères
à gaz permettrait de dater avec précision plusieurs
photos prises dans la Grande Rue et place Conti, si nous savions
l’année de l’installation à Saurat de la
première usine à gaz. Certaines photos où
apparaissent des lignes électriques et des pylônes sont
postérieures.
La
plus grande partie du travail de Clément Sans nous
présente tous les aspects importants de la vie paysanne,
à travers les saisons, dans les fermes et les pâtures de
la vallée de Saurat. L’agriculture est illustrée
par de beaux clichés : le labourage avec deux bœufs (71),
le ramassage des pommes de terre, la moisson (30 & 116), Les foins
(67), la glaneuse (intitulée par erreur La moissonneuse, 61) et
Le vannage (119). L’élevage des vaches gasconnes est
représenté dans Baccade au col de Port (5, 6, 82 &
112), La marque des vaches à Prat Communal (76), sur la route
(10, 27 & 60), Le Claous (47), La traite (58), et
L’apprentissage (57). L’élevage des cochons
n’apparaît que sur une seule carte, Paysans de Massat (45).
Dans la vallée, la plus importante occupation reste
l’élevage des moutons et nous avons une riche collection
de belles photos de pâtres et de leur troupeau en
différentes saisons : l’agneau nouveau-né (123), la
transhumance (11, 19, 22, 29 & 37), les pâturages et les
déplacements dans les estives (8, 12, 29, 34, 73, 114, 125 &
128) et les nombreuses scènes de pâturage en hiver (3, 4,
7, 14, 28, 35, 41, 48, 52, 54, 63, 65, 74, 111 & 117). La
majorité des photos en hiver s’explique par la
nécessité de préparer les plaques de
gélatino-bromure par température froide. Dans son article
de 1882, Clément Sans décrit la préparation des
plaques : « On laisse sécher dans un courant d’air
frais, ce qui demande deux jours environ. Bien entendu, toutes ces
opérations se font avec les précautions habituelles
contre la lumière blanche. Ainsi préparée,
l’émulsion se conserve parfaitement à l’abri
de l’humidité et de la lumière. Il serait donc
avantageux de faire sa provision pendant l’hiver, le temps froid
rendant les opérations plus commodes. »
|
8. C.S. 54 – Les Rox-Négrés (sic)
|
D’autres
sujets intéressants, les sites naturels de la vallée, du
pic du Soudour au col de Port, attiraient randonneurs et touristes. En
remontant la vallée à partir de Bédeilhac, on
trouve le Pic de Calamès et la tour (20, 39, 42 & 90), la
Grotte de Bédeilhac (9, 56, 71, 101 & 126) et Le Soudour (1
& 71). En longeant les montagnes sur la rive gauche du Saurat, il a
photographié la tour de Montorgueil (41, 73, 92 & 114), le
Pic de la Rouère et ses roches de dolomie (46, 91, 94, 95, 96
& 97) et les cascades d’Ifer (98 & 99). De l’autre
coté de la vallée en suivant les crêtes sur la rive
droite, il nous présente presque tous les sites naturels
remarquables : le roc des Iretchès (43, 72, 86 & 88),
le Roc de Carlong (25, 51 & 56), le roc Négrès (54,
100 & 113), Le roc Rédoun (rond) (63), les monts de Baratous
vers le sud (33), la forêt de Candal (62), le cirque de la
Journalade (103, 104, 105, 107 & 127), le Col de Port (81, 82 &
87), et un peu plus à l’ouest, La fontaine
Guindoulé (31).
Clément
Sans prit aussi de nombreuses photos dans la neige, ce qui
était, à l’époque, une entreprise difficile
pour un photographe à cause des contrastes extrêmes. Il
retouchait ses photos de scènes de la rue sauratoise en hiver en
ajoutant soigneusement des flocons de neige à la peinture sur la
plaque de verre (48, 59 & 65).
Son sens de l’humour et les cascades-canulars
Dans beaucoup de ses photos,
Clément Sans a fait preuve d’un grand sens de
l’humour. Il y a plusieurs « clichés coquins »
très amusants où on voit son modèle
préféré, Angèle Marrot et son frère
Adrien flirtant (75 & 77), celui où l’on voit une
épouse dans un tendre échange avec un dandy sous les yeux
de son mari (70), ou cet autre où six jeunes garçons
taquinent une femme âgée fumant une pipe en dessinant sur
le mur une caricature représentant la vieille femme en diable
(109). Demeuré peintre dans l’âme, Clément
Sans fréquemment ne pouvait s’empêcher de retoucher
ses photos. Les meilleurs exemples en sont ce que j’appelle les
« cascades-canulars » où il peint sur la plaque
originale des cascades inexistantes, comme la cascade des
Iretchès (88), ou le cirque de la Journalade (103, 105 &
107) où il accroît le débit d’eau pour
améliorer le pittoresque ou tout simplement pour s’amuser.
Sur le deuxième tirage du Roc Rédoun (63), titré
Le Roc Bédoun par erreur, l’original est retouché
et une fumée provenant d’un petit feu est ajoutée
au milieu du troupeau.
Une des photos humoristiques les plus originales (Figure 9) est
certainement celle où l’on voit le photographe en personne
(ou peut-être son fils Jacques) portant un canotier, debout
derrière la chambre noire, prêt à prendre une photo
de six villageois parfaitement alignés les bras ballants et
fixant l’objectif (69). Sur cette photo qui ne ressemble à
aucun autre cliché de son style, il ne se prenait visiblement
pas au sérieux ; il se prépare à appuyer sur la
poire de l’obturateur de sa main droite pendant que le geste
qu’il fait du bras gauche semble dire : « Regardez, ceci
sera la photo du siècle ! »
|
9. C.S. 69 – Le photographe de Saurat
|
Critiques et distinctions
10. La Médaille d’or attribuée à C. Sans en 1898 |
En
1895 un critique, Eugène Trutat, relata son séjour
à Saurat : « Quoique couvert de neige, le pays est encore
intéressant à visiter, surtout lorsque l’on peut le
faire avec M. Sans, artiste aussi habile à manier le pinceau que
la chambre noire. » Trutat vit sept photos de Sans, Ballots de
laine, Le battage du lin, A la Messe, La noce, et trois scènes
de bergers dans la neige. Et en outre il ajouta : « Ces vues
montrent bien, j’espère, par la disposition artistique qui
a présidé à leur composition, que la photographie
est un art, au même titre que la peinture, et que, quand un
photographe a le sentiment de l’esthétique, il peut
grouper ses personnages, composer une scène, éclairer un
tableau et produire une œuvre bien supérieure à
celle de maints brosseurs de toile. » (Trutat, 1895)
Clément Sans présenta plusieurs de ses œuvres dans
différents concours de photographies en France et nous savons
qu’il fut récompensé au moins à deux
reprises. En juillet 1898, le Photo-club de Saint-Quentin (Aisne) lui
attribua la médaille d’or dans la section Œuvres
photographiques d’amateurs (10) et la Société
photographique de Toulouse la médaille d’argent à
l’Exposition internationale en avril 1899. |
Editions des cartes postales
Une
fois confirmé dans son talent de photographe, Clément
Sans décida tard dans sa carrière de publier certaines de
ses plus belles photos sous la forme de cartes postales, un moyen de
diffusion devenu très à la mode. Il lui suffit pour cela
d’opérer une sélection dans sa riche collection de
photos prises dans la vallée de Saurat. C’est probablement
autour de 1903 qu’il publia la grande série appelée
la haute ariège, numérotée de 1 à 128
(dernier numéro recensé). Plusieurs de ces cartes portent
le même numéro mais elles montrent des photos
complètement différentes ou des textes de légende
légèrement différentes. On pense que, sur une
période de 10 ans, plus de 140 différentes vues furent
publiées dans cette série.
Il
publia d’abord 52 vues différentes imprimées par A.
Bergeret et Cie à Nancy (texte à l’encre rouge). Le
dos sans division permet de leur attribuer une date. « Le
message, avant 1904, ne devait pas être inscrit du même
côté que l’adresse. Ainsi, la correspondance
était notée au recto, à côté de
l’illustration si la carte en comportait une,
agrémentée du timbre et du cachet. Le verso était
alors destiné aux coordonnées du destinataire. Les cartes
portaient d’ailleurs, sur cette face, la mention
Côté exclusivement réservé à
l’adresse. A partir de 1904, le recto n’est
dédié qu’à l’illustration. Le verso
est alors séparé verticalement en deux : le
côté droit voué à l’adresse et le
côté gauche à la correspondance. »
(Bony, 1998)
Les
cartes de la deuxième et troisième période sont
à peu près datées d’après le style de
la légende côté recto et le texte imprimé au
verso. Dans certains cas, les cachets postaux les plus anciens donnent
une indication sur la date de sortie de la carte. La quatrième
et dernière période, durant laquelle les cartes furent
toutes imprimées à Dijon par Bauer Marchet et Cie,
apparaît une différence notoire dans les polices de
caractères et la présentation. Les plus anciens cachets
postaux trouvés sur les cartes BM remontent à 1907, ce
qui indique que les cartes de cet imprimeur (bien qu’ayant
parfois le même numéro de série avec une photo
complètement différente) remplaçaient des cartes
précédentes épuisées. Du n° 114
à la dernière connue, le n° 128, toutes les cartes
émises furent imprimées par Bauer Marchet et Cie.
Sur
certaines cartes il y a un mélange de photographie et peinture.
Une de la dernière carte de la série (105) est un
photomontage dans le cirque de la Journalade : une scène
inventée, pas du tout caractéristique de son style
réaliste. Les pentes rocailleuses à droite sont
surimposées sur une photo de la Journalade ; l’eau
ruisselant, les trois marcheurs, le chemin, et la femme cheminant sont
peints sur la plaque. Une observation minutieuse du terrain dans cette
partie du cirque de la Journalade n’a pas permis de
révéler des éléments ressemblant à
cette configuration.
Au
moins cinq cartes de cette série montrent d’autres sites
extérieurs à la vallée de Saurat : deux de la
Tour Madrille à Tarascon (31 & 53), une de la cascade au
Glacier d’Embans à l’est du Pic des Trois Seigneurs
(83), une de la cascade de Cargnès (Caraoucou) situé
à 1500 mètres au nord-est de Vicdessos (80 –
nommée par erreur Cascade de Cargnes à Rabat), et une de
la Cascade d’Orlu à Ax-les-Termes – Contrée
de Saurat (106).
En conclusion
Beaucoup
de recherches restent à faire pour compléter la
biographie de Clément Sans et trouver d’autres peintures
et photos. Mais ce que nous avons confirme son immense talent.
Clément
Sans se distingue comme un remarquable Sauratois qui a contribué
énormément à faire connaître son village.
L’ensemble de son œuvre constitue un patrimoine
précieux dont un village des Pyrénées
françaises comme Saurat peut être fier, un corpus de
grande valeur dont peu de communes en France peuvent se vanter de
posséder l’équivalent. L’année 2011
sera l’anniversaire de sa mort et pourrait être une bonne
occasion pour le village de célébrer sa
mémoire.
DAVID N. BRISON
Traduit de l’anglais par Anne Brison et Jacques Chabert
11. C.S. 33 – Les Baratous à Gourbit
Réferences :
BONY,
Xavier 1998, Comment dater vos cartes postales, La
Vie du Collectionneur,
n. 227, 29 Mai 1998, p. 16-17
PELLERIN,
Denis 1995, La
photographie stéréoscopique sous le second Empire,
Bibliothèque nationale de France
PÉRIN,
Jacques 2000, Chronologie 1830-1880, in Paris
en 3D, de la stéréoscopie à la réalité virtuelle, 1850-2000,
Paris musées, Booth-Clibborn Editions, p. 103
LE
ROY LADURIE, Emmanuel (sous la direction de) 1994, Paysages,
paysans,
Bibliothèque Nationale de France/ Réunion des musées Nationaux,
Paris
SALIES,
Pierre 1982, Quand
l’Ariège changea de siècle,
Éditions Résonances, Tarascon sur Ariège, p. 270-273
SANS
[Clément] 1878, Note sur le procédé dit au gélatino-bromure,
Bulletin
de la Société Française de Photographie,
Tome 24, Année 1878, Gautier-Villars, Paris, p.
185-186 (Signé « M. Sans »)
SANS,
Clément 1882, Sur le procédé au gélatino-bromure, Bulletin
de la Société Française de Photographie,
Tome 28, Année 1882, Gautier-Villars, Paris, p. 51-55 (Signé
« M. Clément Sans »)
TRUTAT,
Eugène 1895, Les
Pyrénées sous la neige,
Imprimerie V. Cadout, Bordeaux (Réédité par Lacour S.A., 1991), p.
15-16
VOIGNIER,
J.-M. 1993, Répertoire
des Photographes de France au dix-neuvième siècle,
Le Pont de Pierre, J. M. Voignier, Chevilly-Larue, p. 227
REMERCIEMENTS :
Plusieurs
informations concernant Clément Sans et son oeuvre ont
été obtenues auprès d'habitants de Saurat :
Claude Artigue, Michel Carbonne, Suzanne Chourreu, Natacha Dessort, Guy
Douziech, Pierre Labiste, Roger Laffitte, Juliette Marot, Jean-Pierre
Marty, Mireille Marty, Marcelle Maury, Jean Miramon, Roger Robert,
Jacqueline Roques, Francis Sans, & Jean-Luc Rouzoul.
Je
tiens également à exprimer ma gratitude envers Carole
Troufléau pour l'aide qu'elle m'a apportée dans la
recherche des documents anciens sur Clément Sans dans les
collections de la Société française de
photographie, Jean-Paul Durand qui a relu mon texte, ainsi que ma femme
Anne et Jacques Chabert qui l'ont traduit de l'anglais.
____________________________________________
ICONOGRAPHIE DE CLÉMENT SANS
ANON. 1910, 1930, &
1928, La Journal de l’année, dans L’Ariégeois Magazine, n. 144,
Juin-Juillet 2001, p. 103 [19]; n. 148, Mai-Juin 2002, p. 106 [67] ; et n. 168, Janvier
2008, p. 90-91 [113]
ANON. 2006, Cartes et patrimoine,
Saurat, <cartes-et-patrimoine.com> midi-pyrenees/ariege site d’Internet
(10 reproductions de cartes postales de Clément Sans présentées avec beaucoup de grain)
BAILHIÉ, Claude &
ARMENGARD, Roger 1981, Les Pyrénées au temps des Diligences et des
postillons, Milan, Toulouse, p. 55 [C.S. 61]
BAILHIÉ, Claude &
ARMENGARD, Roger 1984, Les Pyrénées au temps des factures à cheval,
Éditions Milan, Toulouse, p. 30 [C.S. 67], 40 [45], & 59 [110]
BERTIN, Raymond 1938,
L’Ariège Économique & Chambers, Robert, Au Pays de Couserans ; dans L’Ariège
(Pyrénées): Guide Thermal et Touristique 1938, L’Union Thermal et Touristique de l’Ariège,
Foix, (pages roses) p. 1 [gravure d’après C.S. 71] & p. (14) [5]
DÉJEAN, Max 2004, Tarascon-sur-Ariège
et ses environs, Éditions Alan Sutton, St. Cyr-sur-Loir, p. 97 [79 &
77]; 98 [16]; 99 [37 & 65]; plus 7 photos inédites de Clément Sans de la collection de Jean-Pierre Marty de Saurat; p. 94,
95, 96, 97, 98, & 99
LABRO, A. 1913, Au
pays d’Ariège: Géographie illustrée, Imprimerie Pomies, Foix (2e
édition), p. f7 [C.S. 12] & f27 [Variante de C.S. 33]
LAGIER, Rosine 2003, Il y
a un siècle… La France paysanne, Éditions Ouest-France, Rennes, p. 48-49 [C.S.
61]
LATOUR, Roger 2002, Tarascon
et son canton d’un siècle à l’autre, R. Latour Éditions, Lavelanet, p. (94)
[C.S. 7]; (187) [116]; (190) [15]; (192) [24]; & (194) [16]
LATOUR, Roger 2005, La
valeur de vos cartes postales, Tome. 1 : Arrondissement de Foix, R. Latour
Éditions, Lavelanet, p. 38-39 [C.S. 48];154-160 [C.S. 11, 26, 22, 30, 2, 58, 61,
67, 78, & 119]
LATOUR, Roger 2007,
Latour Cartophile, Reproductions, Commues, Saurat, cartepostale09.com site
d’Internet (19 reproductions de cartes postales de Clément Sans avec
surimpression d'un logo)
LATOUR, Roger 2010, Tarascon
et son canton d’un siècle à l’autre, Tome. 3, R. Latour Éditions,
Lavelanet, (VUES STÉRÉO) Tarascon, p. [16], [17], Saurat, [214], [215], [216], [217],
[218], [219], [220], [221]; Surba, [228], & [229] --- (PHOTOS) Tarascon, p.
[18]; Bédeilhac, p. [100], [101], [102], [106 - C.S. 29]; Ornolac-Ussat les
bains, p. [163], [166], [167]; Saurat, p. [201 - C.S. 45 & 27], [205 - C.S.
47], [208 –C.S. 64], [210 – C.S. 37 & 38], [222], [223], &
Ussat, p. [233]
PIC (Prat Informatique
Communal) 2007, Bienvenue dans la Vallée de
Saurat,<valleedesaurat.free.fr> C.S. 2, 3, 4, 5, 7, 8, 10, 11, 12, 13,
14, 15, 16,
17, 18, 19, 20, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28 (Original & réédition imprimée à
l’envers), 29, 30, 31, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46
(Montorgueil), 47, 48, [49], 50, 51 (Carlounc), 52, 54, 55, 56 (3 différentes), 57, 58, 59 (Neige), 60, 61, 63,
64, 65 (2 différentes), 67, 68, 69, 70, 71, 72, 73 (2 différentes), 74, 75, 76 (Vaches – photo
colorée), 77, 78, 79, 82, 84, 85 (fond uni), 86, 88, 89 (Vue panoramique), 90, 91
(Rouère), 92, 93, 94 (Tête du juge), 95, 98, 99, 100, 101, 103, 104, 105, 107,
108, 109, 113, 114, 116, 117, 119, 123, 124, & Labouche Frères No. 1071 & 1073 (Variante)
SALIES, Pierre 1982, Quand
l’Ariège changea de siècle, Éditions Résonances, Tarascon sur Ariège, p. 13
[C.S. 19]; 14 [11]; 16 [76]; 18 [37]; 25 [6]; 33 [50] ; 54 [30]; 294 [67];
& 397 [15]
SANTERRE, André & SANS, Francis 1993, Le
Pays de Foix et la Haute-Ariège, Les Cartophiles Ariégeois, Nantes, p. 186
[C.S. 29]; 196 [16]; 198 [38]; 199 [2 & 78]; 221 [22]; 222
[30 & 61]; 223 [119 & 67]; 224 [55]; 226 [74]; 227 [58]; 257 [50]; 297
[ÉditionThiriat – C.S. 14]; & 297 [non-attribué – C.S. 14]
SIMONNET, R.; PAILHÈS,
C.; CLAEYS, L. et al. 2008, Ariège, Christine Bonneton, Paris, p. 108 [C.S.
55], 112 [11]
SYNDICAT D’INITIATIVE DE
SAURAT ca.1985, Hier … Saurat: Cartes Postales 1900-1930, (Différentes
séries de cartes postales anciennes en paquet de 6 reproductions chacun) [C.S.
11, 22, 26, 27, 44, 45, 47, 55, 58, 61, 65, 67, 70, 77, 78, 79, 85, 109, &
119]
ZEYONS, Serge 1992, La
France paysanne, Larousse, Paris, p. 207 [C.S. 55]
12. Place Conti – Lavage de la laine |
Matériel du laboratoire-photo de Clément Sans : Lanterne rouge à alcool, châssis porte-plaque, bouteilles de révélateur et virage-fixage
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